Aleph a plusieurs significations:
- bœuf ou gros bétail: le dessin d'origine de cette lettre est un joug de bœuf, représentation du couple uni dans le cheminement ou le travail (zoug en hébreu est le couple)
- chef de tribu ou le premier de la tribu, celui qui informe ou instruit les autres
- millier ou la pluralité. A travers celle-ci, la Tradition transmet que des milliers de mondes furent créés et détruits, et que mille est le retour à l'unité.
La valeur du signe Aleph est l'unité et le mot "un" s'écrit en hébreu "éh'ad", dont le sens est "Aleph aigu ou pointu". L'unité est le chiffre le plus cité dans l'Ecriture et le message biblique est totalement impliqué dans cette unité: unité de Dieu, unité du peuple, unité de l'âme et du langage.
Liée à l'état primordial, la lettre Aleph reste mystérieuse car elle cache l'intention, la pensée secrète qui a présidé à la Création. Aleph est caché dans le nom Tétragramme yod-hé-waw-hé mais initie sept autres désignations du divin, notamment "celui qui a été, est et sera" (ehyeh asher ehyeh): Aleph est l'unité en marche, en devenir.
Aleph est aussi lié à l'amour puisque l'unité "éh'ad" a la même valeur que l'amour "ahavah". Aleph donne vie et élève le sens de nombreux mots qui, sans cette lettre, seraient réduits à l'état de matière: ainsi par exemple l'homme (Adam) sans l'unité du Aleph ne serait que sang (dam).
L'aînée des lettres, Aleph instruit, apprivoise, domestique, maîtrise et crée, comme l'unité d'en Haut a maîtrisé le chaos primordial pour créer l'Univers. Un anagramme du Aleph est "pélé" (pé-lamed-aleph), le merveilleux, l'extraordinaire. Un autre anagramme signifie sombre, obscur, ténébreux. Aleph signifie aussi "al pé", sans parole, le silence. Aleph est ainsi un grand mystère.
Au-delà de l'unité et de la primauté, la lettre Aleph contient implicitement la dualité, début de la multiplicité du monde créé. Unité de la Cause des Causes et unité du monde à venir, Aleph est inconcevable dans le monde créé. Mais la recherche du divin est un long apprentissage de l'être humain qui a du mal à maîtriser sa dualité et à rechercher l'unité, se révoltant devant son silence, mais percevant néanmoins son amour.
DÉCHIFFRONS LES LETTRES HÉBRAÏQUES...
Il y a peu, nous avons découvert L'alphabet hébreu, alphabet de la vie, et nous avons vu qu'il n'est pas tout à fait un alphabet ordinaire... Maintenant, nous pouvons aller plus loin en remarquant qu'en hébreu écrire et compter sont le même verbe, saphar ; sépher est l'écriture, et donc la lettre, le livre, appelé aussi siphera ; sepharah est le nombre. Il s'ensuit naturellement, pour les hébreux, deux égalités parfaites :
Lettre = chiffre
Mot = nombre
Cela est parvenu jusqu'au français, langue où le mot chiffre est manifestement de la même racine que saphar ; mais aussi où chiffrer et déchiffrer se rapportent respectivement aux nombres et aux mots, de même que conter, compter et décompter ! On sait que l'entrelacement des lettres initiales d'un nom de famille (sur un trousseau ou des couverts, par exemple) s'appelle un chiffre et qu'un message chiffré ne se comprend que si on le déchiffre pour découvrir les lettres qui y sont cachées. Nous pourrons ainsi découvrir que pour les hébreux le message biblique est très souvent chiffré et évoquer les jeux de mots et de nombres qui habitent toute la Bible, dans tous les livres, y compris - évidemment - dans le Nouveau Testament, même si -officiellement - tous ses livres ont été écrits en grec !
LA VALEUR DES LETTRES ET DES MOTS : LA GUEMATRIA
Pour les juifs, chaque lettre de l'alphabet hébraïque a une valeur numérique, selon des systèmes divers de décompte qui utilisent toujours son rang dans l'alphabet : c'est ce qu'on appelle la guematria. Dans tous les articles à venir, quand nous ferons appel à la valeur des mots, ce sera en guematria par rang avec lettres finales (de 1 à 28), système qui est la clé qui ouvre dans le Premier Testament une foule innombrable d'allusions fulgurantes à Jésus, à la Trinité, à l'Incarnation, à tout ce qui annonce dans la Première Alliance ce qui fait notre foi. Nous l'appellerons guematria chrétienne. Vous trouverez dans le tableau de l'article L'alphabet hébreu, alphabet de la vie, la valeur de chaque lettre, de 1 à 28.
DEUX EXEMPLES CONCRETS DE GUEMATRIA, POUR UNE PREMIÈRE APPROCHE
1 / Les noms de Dieu L’Unique, 'échad, Prononcer érad. Le signe ' symbolise la lettre 'aleph. a pour valeur 1+8+4 = 13, qui est aussi la valeur du mot 'El (1+12), autre nom de Dieu.
Le tétragramme sacré, qu'on translittère en YHVH (yod-hé-vav-hé), C'est le nom imprononçable de Dieu, que nos frères juifs remplacent généralement par Adonaï (Seigneur) mais surtout pas par Yahvé ! a pour valeur 10+5+6+5 = 26. Donc YHVH 'échad, Adonaï 'échad, qui signifie : (le) Seigneur (est) Un, Fin du fameux texte du Shema Israël, écoute Israël (Deutéronome 6,4). a pour valeur 26+13 = 39, qui est aussi 3x13, le Dieu trois fois unique. Ce Dieu Un est trois fois unique... comme c'est bizarre ! Élohim a pour valeur 1+12+5+10+24 = 52 = 2x26 = 4x13 ; c'est aussi la valeur de sépher : la lettre, le chiffre... Curieux ? Pas vraiment si on remarque que le mot parole, verbe est davar (avec un beït prononcé v) et a pour valeur 4+2+20 = 26. Le Verbe est donc égal à Dieu : au commencement le Verbe était Dieu, dit Jean (Jn 1,1), ce qui n'est pas plus (mais pas moins !) que 26 = 26. Cette égalité est ce que les mathématiciens appellent une identité ; et ici elle est pour le moins remarquable! Cette identité Verbe-Dieu est écrite (en langage chiffré) dans l'essence même des mots ! Ce qui n'a pas empêché les savants de disserter à longueur de siècles et de bouquins sur le parallèle entre le verbe dans Jean et le logos des philosophes grecs... Le Verbe est hébreu ; il est Davar et il est Dieu. La lettre, le chiffre, le livre et la parole sont Dieu...
Nous croyons en un Dieu unique qui se dit par son Verbe et agit par son Esprit !
2 / Le 'aleph, lettre de Dieu La lettre 'aleph est :
- la première lettre de l'alphabet
- la seule lettre qui ne se prononce pas : elle a absolument besoin d'une voyelle pour être entendue (les lettres comparables, le hé et le 'aïn sont soit aspirée soit gutturale et ne sont donc pas absolument muettes)
- une lettre finale qui ne change pas de forme (contrairement aux cinq autres) Ce sont des « propriétés » qu'elle partage avec Dieu, qui est un, qui ne change pas et qui a un nom qui ne se prononce pas !
Le 'aleph est la lettre de Dieu !
La tradition juive va plus loin et remarque que la lettre 'aleph s'écrit comme 2 yod de part et d'autre d'un vav (voir leur forme dans l'alphabet ; le 'aleph est ci-contre). Le yod supérieur représente le monde d'en haut qui se penche vers le monde d'en bas ; le yod inférieur représente le monde d'en bas qui essaie de gagner le monde d'en haut ; le vav est le lien entre les deux mondes, entre le Ciel et la Terre : c'est l'image du
Messie.
Le 6, rang de la lettre vav dans l'alphabet, est pour cette raison souvent considéré comme le nombre du Messie. La valeur des composantes du 'aleph : yod+yod+vav, est 10+10+6 = 26, nombre du tétragramme sacré, nombre de Dieu...
Et Yeshoua, qui dit être l'aleph et l'aleph, est bien Dieu ! Ces deux exemples doivent montrer aux plus incrédules parmi vous que la guematria n'est ni un hobby ni une lubie : elle fait partie intégrante de la réflexion sur l'Écriture juive. Ses applications raisonnables, qui ne doivent jamais contredire ce que dit le texte « en clair », ouvrent des perspectives d'une richesse immense et disent souvent simplement - ce que les grands théologiens ont quelquefois du mal à exprimer, souvent de façon bien plus compliquée ! Mais cela est une autre histoire... à suivre !
Emmanuel Rodriguez
shalom je ne comprend pas bien la valeur numérique de « davar » : pour moi si je compte bien davar est égal à Dalet=4 Veth =2, RESH =200 ce qui fait un total de 206 et pas 26 comme c’est écrit dans les exemples de guematria. Merci d’éclairer ma lanterne.