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Juifs Grecs 2

Juifs Grecs partie2

 

C’est ce choix de D.ieu qui rendait donc légitime que l’on distingue correctement entre eux et les autres peuples. On trouve donc évidemment dans nos traductions de la Bible différentes expressions qui rendent compte de cette distinction. Tout d’abord, pour parler du peuple appelé actuellement peuple juif, on trouve « la maison d’Israël », « Israël » tout simplement, « le peuple », « les israélites », « les juifs ». Pour parler des non-israélites, on trouve :

- « les grecs » : expression employée avec une connotation de controverse socio-philosophique comme expliqué ci-dessus. Cette expression peut éventuellement dans le feu de la controverse désigner aussi par extension des israélites ayant une attitude jugée contraire à la tradition.

- « les païens » : expression qui désigne aussi les non-juifs avec une connotation pouvant être péjorative, car le mot vient du latin paganus = paysan ! Les paysans, peut-être de Galilée, étaient réputés aux yeux des judéens comme peu ouverts aux choses de la foi et de la religion !

- « les gentils » : Là aussi on a un mot résultant de traductions successives. Ce mot n’est qu’une francisation – bien maladroite au demeurant - du mot latin « gentiles », utilisé dans la Vulgate pour traduire le mot païen !!!

- « les nations » : rien à voir avec les Gaulois ou les Egyptiens de ce temps-là. Encore moins avec les allemands, les belges ou les japonais de notre temps, comme on le voit parfois dans certaine littérature contemporaine ! L’expression « les nations » désigne les autres nations, peuples, tribus, etc …, c’est-à-dire cette autre partie de l’humanité qui n’est pas israélite.

L’essentiel de ce qui vient d’être dit est que, pour bien comprendre les textes cités du Nouveau Testament, il est indispensable de garder à la pensée que derrière les expressions dont nous venons de parler, c’est la réalité des « goyim » qui est présente, réalité prépondérante dans la pensée des habitants du pays d’Israël de ce temps, et par conséquent dans l’esprit des rédacteurs des textes du Nouveau Testament. On peut dire que cette dualité juifs-non juifs doit être admise comme un arrière-plan implicite de tous ces textes. L’une des conséquences est que, par exemple, dire que l’Evangile de Jean comporte des affirmations antisémites est un non-sens, puisque cet Evangile rapporte des événements qui se déroulent au sein du peuple juif : les passages dits « antisémites » sont donc à lire autrement, en tenant compte de cet « arrière-plan implicite ».

Une tradition héritée du rejet des juifs

On ne peut alors qu’être surpris de découvrir que de telles réalités aient ainsi été présentées pendant des siècles au lecteur courant du Nouveau Testament, de façon aussi peu explicite ! D’autant plus que la distinction entre juif et goy est beaucoup plus riche de signification que tout autre. Il ne s’agit pas de distinguer ici entre une nationalité et les autres, mais de distinguer entre ceux qui se trouvaient engagés sous l’Alliance divine et ceux qui ne l’étaient pas ! En effet, la qualité de juif, son identité dirait-on maintenant, est à rechercher dans les textes de la Thora, au temps des patriarches. C’est le fils d’Abraham le « père des croyants », qui reçut le nom d’Israël. Il dit encore: ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé Israël; car tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu as été vainqueur.  (Genèse 32:28) C’est à sa descendance, sortie d’Egypte et sur le chemin d’une terre promise, que l’Eternel se révéla au Sinaï, pour établir avec elle un contrat qui fut appelé « Alliance » Maintenant, si vous écoutez ma voix, et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez entre tous les peuples, car toute la terre est à moi;  vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte.        (Exode 19 :5-6)

Ce contrat comportait donc une exigence et une promesse: exigence de « mise à part » pour le service de D.ieu au milieu des hommes, promesse de protection et d’un pays. C’est donc en se référant à l’Alliance du Sinaï que les Israélites peuvent légitimement se prévaloir de ne pas être un peuple comme les autres ! Mais il est évident qu’une telle affirmation n’est reçue aujourd’hui qu’avec beaucoup de réticences, c’est le moins qu’on puisse en dire. Et ce, tant par les « goys » que par les Israélites eux-mêmes ! On pourrait écrire des volumes sur ce sujet, mais revenons aux textes du Nouveau Testament et à leur traduction. On sait que, au cours des premiers siècles du christianisme, l’idée a prévalu, que l’Eglise était le « nouvel Israël » , l’Alliance du Sinaï étant remplacée par la « nouvelle Alliance en Yeshoua HaMashiah». Bien que condamnée officiellement par les églises, cette fausse théorie a encore libre cours chez les chrétiens, et il est bien nécessaire qu’un nouveau discours soit entendu sur ces sujets, et qu’un nouveau regard soit jeté par les chrétiens sur les Juifs. C’est probablement la raison pour laquelle les traducteurs n’ont pas cru bon de souligner le particularisme israélite: puisque, selon la conception officieuse de leur milieu, ce particularisme était obsolète, à l’image de la Première Alliance que l’on disait caduque, il n’y avait aucune raison de faire des efforts d’adaptation de la traduction qui l’aurait mis en lumière ! Sommes-nous en droit de suspecter une volonté délibérée à ce sujet, de la part de ceux pour qui il n’y a, en définitive, qu’une seule alliance qui compte, celle dont se réclame l’Eglise chrétienne ? Volonté délibérée ou glissement progressif de la pensée, la question restera posée, mais on est en droit d’y trouver l’origine de l’antisémitisme doctrinal dont nous avons tant de peine à nous débarrasser. Ce qui a été atteint dans l’inconscient collectif chrétien, c’est bien la façon d’appréhender la caractère solennel, définitif, radical, de l’Alliance du Sinaï dans la quelle le Seigneur s’engageait avec un peuple déterminé en le prenant à la fois à Son service et sous Sa protection. Avant de clore ce chapitre, nous voulons saluer  deux actes forts dans notre passé récent :

- le premier est dû au pape Jean-Paul II qui osa parler de la première Alliance « qui n’est pas abrogée », phrase riche de conséquences qui a été citée, mais malheureusement trop vite oubliée, et dont les théologiens ne semblent pas s’être emparés pour l’expliciter au peuple chrétien.

- le second est dû aux traducteurs de deux éditions récentes de la Bible, la version dite « Nouvelle Bible Segond » et la version dite « Parole de Vie » qui est une traduction en français fondamental. En effet, rompant avec les séculaires habitudes de « noyer le poisson » dans ce domaine par l’emploi des termes incompréhensibles dont nous venons de parler, ces versions ont commencé à adopter tout simplement le terme de « non-juif », ce qui explicite bien le problème tel qu’il se posait au moment de la rédaction du Nouveau Testament.

 

Espérons que cela amènera peu à peu la masse des fidèles chrétiens non seulement à éviter le piège dans lequel est naïvement tombé M.Théodorakis, mais aussi à cesser de vouloir ignorer que le juif, les juifs, les Israélites, sont depuis l’événement du Sinaï et jusque maintenant, et pour toujours, selon la volonté de D.ieu, au bénéfice de l’Alliance du Sinaï.

 

Emmanuel Rodriguez

Commentaire(s) sur “Juifs Grecs 2
  1. jean clément a ecrit:

    une question s’impose à mon esprit, on parle dans le Tanach d’Ephraïm et de Jacob, Ephraïm n’est pas juif selon la tradition juive étant né de la fille du prête de On et pourtant Hashem dit dans les psaumes : Ephraïm est la couronne de ma tête et Jacob est mon sceptre, peut on dire par cela que Ephraïm serait aussi l’Eglise pure et sainte? Dans Osée il est aussi parlait d’Israël (et de Juda) . Parfois on trouve se passage dans le chapitre 2
    Osée 1:10
    « Cependant le nombre des enfants d’Israël sera comme le sable de la mer, qui ne peut ni se mesurer ni se compter; et au lieu qu’on leur disait: Vous n’êtes pas mon peuple! on leur dira: Fils du Dieu vivant!
    Osée 1:11
    Les enfants de Juda et les enfants d’Israël se rassembleront, se donneront un chef, et sortiront du pays; car grande sera la journée de Jizreel. »
    Ici ne peut on pas dire que là encore l’Israël décris ne serais-ce pas l’Eglise pure et sainte s’alliant avec Juda (peuple juif)?

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